Alors que des millions d'enfants africains ne vont plus à l'école pour lutter contre la pandémie de coronavirus, comment peut-on expliquer la situation à nos petits ? Doit-on tout leur dire au sujet du Covid-19 ? Réponses du Docteur Imane Kendili, psychiatre addictologue et vice-présidente du Centre africain de recherche en santé (CARES).
La pandémie de coronavirus se propage en Afrique. Du Maroc à Madagascar, une quarantaine de pays sont touchés sur le sol africain dont le Togo. Conséquence : plusieurs Etats ont adopté des mesures drastiques pour lutter contre le Covid-19, dont la fermeture des établissements scolaires. Les enfants sont donc confinés à la maison et certains angoissent... Une situation inédite, durant laquelle les parents devront répondre aux questions des petits. Imane Kendili, psychiatre addictologue et vice-présidente du Centre africain de recherche en santé (CARES) nous donne des astuces.
Dr Kendili Imane : Les enfants ont une grande faculté d'adaptation, ils sont en général beaucoup plus susceptibles de s'adapter que l'adulte. Il suffit par exemple d'expliquer qu'un petit virus "sale" rend malade. On peut le dessiner et lier ainsi la maladie au lavage des mains et à la propreté. En revanche, parler de mort, dramatiser et ritualiser de manière fataliste peut générer des angoisses chez l'enfant... Nous devons appliquer les moyens de prévention en gérant notre propre angoisse pour ne pas avoir un impact trop stressant sur notre enfant.
D.K.I: Parler du nombre de morts est inutile. Parler de personnes fragiles qu’on ne voit pas, comme mamie ou papy, pour les protéger et insister sur le lavage des mains et la distance d'un mètre est plus utile.
D.K.I : Le confinement permet de passer du temps en famille, de redécouvrir les jeux de société, les repas en famille et même de ritualiser sainement une communication non violente puisque le temps le permet. Les adolescents n’ont pas besoin d’être "gérés", plutôt "responsabilisés", impliqués dans le quotidien... Cela permet une meilleure affirmation de soi. C'est l'occasion de débattre !
D.K.I : L’enfant lit l’angoisse dans le regard de ses parents ! Les parents ne sont pas éternels mais l’enfant a besoin de savoir qu’il y aura toujours quelqu’un pour s'occuper de lui. Le "je serai toujours là" n’est pas rassurant car l’enfant comprend que ce n'est pas vrai... Il a besoin pour être rassuré que maman, papa, mamie, papi, tati ou tonton soient là pour lui. C’est aussi l'occasion d’impliquer nos enfants et nos adolescents à des événements écologiques à la prévention au sens large et la réduction des risques concernant notre environnement et notre santé. Le civisme également est à l'honneur, les valeurs...
D.K.I : Oui, plusieurs dimensions philosophiques humaines et sociales peuvent aujourd'hui aider nos enfants et nos adolescents à avoir des représentations responsables communautaires engagées. Cependant, l’angoisse liée au confinement et une certaine symbolique de privation de liberté est pesante à tout âge... D’où l’importance de parler de valeurs communautaires mais aussi de "sublimer" par des activités artistiques : peinture, poterie, dessin, musique, chant, danse, cuisine, jeux de société... Pour l'enfant et pour l'adulte !
D.K.I : Plusieurs manières ludiques peuvent être utilisées : le petit monstre Corona dessiné sur la main à laver ou se déguiser avec un masque en chevalier de l'espace ! A partir de 6 à 7 ans, nous pouvons expliquer la maladie liée à l'hygiène et inculquer les mesures de prévention. Le faire en même temps que les enfants permet de fixer le comportement au bout de quelques jours.
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